mardi 27 octobre 2015

Arlette et son poisson

 J'avais fabriqué ce poisson, dans une vie antérieure. Un atelier de dame, l'après-midi, chez une fille délicieuse, Roseline. Puis je l'ai transporté dans ma nouvelle vie. J'y ajoutais de temps en temps un ruban, une carte, une image, ces insignifiantes dont j'étais seule à connaitre la valeur.

Devenu indésirable, il a disparu cet après-midi dans la benne de la déchetterie. Son éviction s'est faite en plusieurs étapes. Petit à petit il est sorti de la maison, a séjourné sur la terrasse, puis dans le coffre de la voiture...
Quelle fierté d'avoir réussi à me délester de ça aussi! 
Comme le fidèle qui travaille à gagner son ciel, je progresse doucement vers l'indifférence totale. Et salvatrice.

On s'évertue à enseigner aux enfants le respect des personnes  et des objets. C'est ridicule. La plupart s'attachent. Alors que le bonheur et le salut résident dans l'indifférence.
Et le détachement.

Arlette révise sa leçon

Aujourd'hui, j'ai ressenti de la colère. C'est un sentiment étrange et auquel je ne suis pas habituée. Je l'ai examinée avec un peu de recul. Tiens? Salut, qu'est-ce que se passe? (la formulation ne comporte pas de faute de frappe). Comment se fait-il que tu sois là?
On a conversé, dialogué et je l'ai accueillie, accorte.

Et puis, il y a eu ce post d'une amie. "La fin d'un amour", les feuilles rouge sang, tout ça.

Et aussi le temps un peu maussade, la bruine de ce mardi.

La leçon sur les phases du deuil. Là, sur l'image. Elle sait le chemin qu'elle va devoir parcourir, si elle ne tente pas de revenir en arrière.

Mais où sont les pleurs, la tristesse, la douleur?

Arlette se penche en arrière

Se pencher en arrière, c'est dangereux. On risque gros. Il suffit de peu. Une seconde d'inattention, un regard détourné, et c'est la chute...
Aujourd'hui, je me suis penchée. Un jaillissement de lucidité, un éclairage différent, qui sait? Certains enfants se comportent comme des adultes responsables et civilisés, faisant par là preuve d'une maturité admirable , une façon comme une autre de manifester son amour à son papa ou à sa maman.

Je me suis entendue l'expliquer à un proche.
Moi, qui donne des leçons alors que j'ai perdu un fils pour avoir refusé le compromis et le chantage.
J'ai entendu sa voix pour la dernière fois le 3 juin 2012. Une salve d'insultes. Un texto lâche et bidon.
La magie du cloud qui permet de remettre des dates, là où la mémoire finit pas faire défaut et jouer les complaisantes. Le noter dans le carnet-à-qui-on-peut-tout-dire.

Il aura 20 ans dans quelques mois.
Dont presque 4 de silence. D'oubli. De Néant.

lundi 5 octobre 2015

Arlette et son robot

Quand on l'a "eu", on l'appelait "le chien". Chez d'autres, c'est "good boy". Ce qui est certain, c'est que cet engin a autant de cervelle qu'un clébard et obéis aussi bien qu'un gamin. Lancez-le à un bout de la maison, le temps de ranger deux bricoles, il a trouvé moyen de sortir, alors qu'il y a des tas de bonnes choses à manger à l'intérieur.
L'I.A n'est quand même pas prête à remplacer la ménagère avisée...

Arlette et les meubles merdiques

Je vous présente un vestige du passé qu'on appelle pompeusement meuble "living". L'étagère à tout faire, moche vide, moche garnie, moche quoi qu'on fasse. Elle a été casée dans un coin discret (la salle télé), mais malgré tout, elle dénote. Vous aussi, vous devez bien avoir une ou deux horreurs héritées du passé, que vous ne voyez même plus.


La photo qui suit est édifiante: 15 cm strictement inutiles, qui se couvrent d'une fine poussière en 3 jours, et bouffent au sol 1/3 de m2. Ce qui à 2000€ HT en moyenne du m2, nous coûte la bagatelle de 720€.
Je ne compte même pas les heures passées à "faire la poussière", qui, valorisées au tarif femme de ménage déclarée en vigueur, finiraient pas vous rembourser votre semaine au club med.


Je me suis donc demandée si les suédois s'en tiraient mieux. Voyez vous-mêmes. Mais il est encore possible d'optimiser. C'est pourtant pas dur de mesurer la BD AVANT de construire la bibliothèque!


Arlette coupe son rosier Centifolia

C'était pas la saison.
C'était peut-être pas la bonne lune.
Mais c'était une question de survie.
Reste à savoir de quoi.
Il était superbe. Haut, touffu, généreux. Même si cette année, il avait fleuri avec beaucoup de parcimonie. Il n'était pas tombé malade, et formait un rempart vert protecteur, sur le chemin de la piscine.
Toutes ces branches, dans la brouette (la 3 ème!) faisaient comme un corbillard. Un tombereau qui part vers le cimetière. A force de littérature sur la taille des rosiers, j'en ai conçu une appréhension irraisonnée.
Ce rosier Centifolia, c'était un cadeau de Suzanne. Elle est morte il y a deux ans. Je l'avais aperçue penchée sur une route de salades, dans son potager. Quand elle s'était redressée, j'avais cru voir ma grand-mère. On avait sympathisé. Je passais la voir, je lui achetais des légumes, on papotait tomates, courges, jasmin. Elle me racontait la cueillette, quand elle était jeune fille. puis un jour, elle a tiré de dessous son "galant de nuit", un pot avec une bouture de rosier. La vraie rose de Mai. Je l'ai chouchouté, et quand je suis adossée sur mon lit, je le vois voyais par la fenêtre.
Tant bien que mal, j'ai taillé des boutures. Les ai piquées un peu partout, pour démultiplier les chances de reprise. Dégarni les grosses branches épineuses, pour en faire des remparts de protection contre les nuisibles.

Le rempart vert a disparu. On aperçoit à nouveau un fil électrique, des marques de "civilisation". Superstition ridicule. J'ai peur. Qu'il ne s'en remette pas.